Questions/réponses: la politique de cyberdéfense de l'UE

Pourquoi la politique de cyberdéfense de l'UE est-elle nécessaire? 

Le domaine du cyber est de plus en plus disputé et le nombre de cyberattaques contre l'UE et ses États membres continue d'augmenter. L'attaque russe contre le réseau satellitaire KA-SAT, qui a perturbé les communications entre plusieurs autorités publiques ainsi que les forces armées ukrainiennes, illustre à quel point les acteurs civils et de la défense dépendent des mêmes infrastructures critiques. Cela renforce la nécessité de sécuriser ces infrastructures critiques.  

Pour protéger ses forces armées, ses citoyens, ainsi que ses missions et opérations civiles et militaires de gestion de crises, l'UE doit renforcer la coopération et les investissements dans le secteur de la cyberdéfense afin de renforcer sa capacité à prévenir, à détecter et à dissuader les cyberattaques, ainsi qu'à s'en protéger et à s'en relever.  

La nécessité d'un réexamen du cadre stratégique de cyberdéfense de l'UE a été soulignée dans la stratégie de cybersécurité de l'Union de 2020. En outre, la présidente von der Leyen a appelé à l'élaboration d'une politique européenne de cyberdéfense dans son discours sur l'état de l'Union de 2021. La boussole stratégique pour la sécurité et la défense approuvée par le Conseil en mars de cette année plaidait pour une politique de cyberdéfense de l'UE d'ici à 2022. En mai, dans les conclusions du Conseil sur le développement de la cyberposture de l'Union européenne, les États membres ont invité le haut représentant et la Commission à présenter une proposition ambitieuse relative à une politique de cyberdéfense de l'UE en 2022. 

  

Quels sont les objectifs de la politique de cyberdéfense de l'UE? 

La politique de cyberdéfense de l'UE s'articule autour de quatre piliers couvrant un large éventail d'initiatives qui aideront l'UE et les États membres à mieux détecter et dissuader les cyberattaques et à mieux s'en protéger. L'amélioration et le renforcement de la coopération entre les acteurs militaires et civils constituent le fil conducteur commun à tous ces piliers: 

  

AGIR ENSEMBLE POUR RENFORCER LA CYBERDÉFENSE DANS L'UE 

L'UE renforcera ses mécanismes de coordination entre les acteurs nationaux et de l'UE en matière de cyberdéfense, afin d'accroître l'échange d'informations et la coopération, et de renforcer le soutien aux missions et opérations militaires relevant de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). À cet effet, l'UE:  

  1. créera un centre de coordination de l'UE en matière de cyberdéfense (EUCDCC) afin de favoriser une meilleure appréciation de la situation au sein de la communauté de la défense; 
  1. mettra en place un réseau opérationnel d'équipes militaires d'intervention en cas d'urgence informatique (milCERT); 
  1. développera et renforcera la Conférence des cybercommandants de l'UE
  1. élaborera un nouveau projet-cadre CyDef-X visant à soutenir les exercices de cyberdéfense de l'UE;
  1. intensifiera l'échange d'informations entre la communauté de cyberdéfense et les autres cybercommunautés;
  2. renforcera les capacités communes de détection, d'appréciation de la situation et de réponse de l'UE par l'intermédiaire de l'infrastructure civile de centres d'opérations de sécurité (SOC) de l'UE;
  3. établira un mécanisme visant à constituer de manière progressive une réserve cyber au niveau de l'UE avec les services de prestataires privés de confiance. 

  

SÉCURISER L'ÉCOSYSTÈME DE LA DÉFENSE 

Même des composants logiciels non critiques peuvent être utilisés pour mener des cyberattaques contre des entreprises ou des pouvoirs publics, y compris dans le secteur de la défense. Il est dès lors nécessaire de poursuivre les travaux sur la normalisation et la certification en matière de cybersécurité afin de sécuriser les domaines tant militaires que civils. À cet effet, l'UE: 

  1. fournira une plateforme pour aider les États membres à élaborer des recommandations juridiquement non contraignantes pour la communauté de la défense
  1. formulera des recommandations sur les exigences d'interopérabilité de l'UE en matière de cyberdéfense
  1. élaborera des scénarios de risque pour les infrastructures critiques importantes pour la communication et la mobilité militaires afin de cibler les actions de préparation, y compris au moyen de tests de pénétration; 
  1. encouragera la coopération entre les organismes de normalisation civils et militaires en vue de l'élaboration de normes harmonisées pour les produits à double usage. 

  

INVESTIR DANS LES CAPACITÉS DE CYBERDÉFENSE 

Les États membres doivent augmenter considérablement les investissements dans des capacités militaires de cyberdéfense modernes dans un contexte collaboratif, en utilisant les plateformes de coopération et les mécanismes de financement disponibles au niveau de l'UE, tels que la CSP et le Fonds européen de la défense. Pour relever ces défis, l'UE:  

  1. actualisera les priorités pour le développement des capacités de cyberdéfense et continuera à aider les États membres à développer leurs capacités de cyberdéfense dans un cadre de coopération;
  2. élaborera une feuille de route de l'UE en matière de cybertechnologies visant à réduire la dépendance à l'égard des technologies critiques à l'aide de tous les instruments de l'UE;  
  3. mettra au point une évaluation stratégique des technologies de rupture émergentes afin de soutenir des décisions d'investissements stratégiques à long terme des États membres;  
  4. explorera avec les États membres la possibilité d'élaborer un ensemble d'engagements volontaires pour le développement des capacités nationales de cyberdéfense; 
  5. élaborera des formations et des exercices de l'UE en matière de cyberdéfense, notamment par l'intermédiaire de la plateforme de formation, d'entraînement, d'exercices et d'évaluation dans le domaine du cyber (ETEE) du CESD
  6. mettra en place une Académie européenne des compétences cyber, en tenant compte des besoins en compétences spécifiques des différents profils professionnels et secteurs d'activité, y compris pour les travailleurs de la défense. 
     

ÉTABLIR DES PARTENARIATS POUR RELEVER LES DÉFIS COMMUNS 

En s'appuyant sur les dialogues existants avec les pays partenaires en matière de sécurité et de défense ainsi que dans le domaine du cyber, l'UE s'efforcera d'établir des partenariats sur mesure dans le domaine de la cyberdéfense. À cet effet, l'UE: 

  1. renforcera la coopération UE-OTAN dans les domaines de la formation, des exercices, de l'enseignement, de l'appréciation de la situation, de la normalisation et de la certification en matière de cyberdéfense; 
  1. inclura la cyberdéfense dans les dialogues sur le cyber menés par l'UE ainsi que dans les dialogues sur la sécurité et la défense menés avec des partenaires clés; 
  1. aidera les partenaires à développer les capacités de cyberdéfense, notamment par l'intermédiaire de la facilité européenne pour la paix (FEP). 

 

Quelles mesures ont été prises depuis le lancement du deuxième cadre stratégique de cyberdéfense en 2018? 

La communication conjointe s'appuie sur le cadre stratégique de cyberdéfense établi en 2014 et mis à jour en 2018, ainsi que sur la stratégie de cybersécurité de 2020. Ceux-ci ont permis de préparer le terrain pour de nombreuses actions proposées dans le cadre de la nouvelle politique de cyberdéfense. 

Dans le contexte du cadre stratégique de cyberdéfense, des progrès ont été accomplis dans les six domaines prioritaires suivants: soutenir le développement des capacités de cyberdéfense des États membres, renforcer la protection des systèmes de communication et d'information de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) utilisés par les entités de l'UE, promouvoir la coopération civilo-militaire, développer la recherche et la technologie, améliorer les possibilités d'éducation, de formation et d'exercices et renforcer la coopération avec les partenaires internationaux concernés.

 

Que compte faire l'UE pour renforcer la coopération au sein de la communauté de la défense?

L'objectif principal de la nouvelle politique de cyberdéfense est de renforcer la communauté de cyberdéfense. 

Pour ce faire, la communication conjointe propose de mettre en place les structures nécessaires à l'échange d'informations et à la coopération entre les différents acteurs militaires. Cela inclut une proposition visant à créer un Centre de coordination de l'UE en matière de cyberdéfense (EUCDCC) afin de favoriser une meilleure appréciation de la situation au sein de la communauté de la défense. Cette initiative s'appuiera sur le projet CSP en cours relatif au Centre de coordination dans le domaine du cyber et de l'information (CIDCC). Ce Centre devrait devenir le nœud central de la collecte, de l'analyse, de l'évaluation et, in fine, de la diffusion d'informations relatives à la cyberdéfense pour les missions et opérations relevant de la PSDC ainsi que pour les parties prenantes dans le cadre de la PSDC, y compris les États membres et les institutions, organes et organismes de l'UE lorsqu'ils en font la demande.

En outre, l'Agence européenne de défense mettra en place et soutiendra un réseau opérationnel d'équipes militaires d'intervention en cas d'urgence informatique – MICNET. Il favorisera une réponse plus solide et plus coordonnée aux cybermenaces touchant les systèmes de défense de l'UE, y compris ceux utilisés dans le cadre des missions et opérations militaires relevant de la PSDC.

Afin de consolider le réseau de cybercommandants de l'UE, d'améliorer la confiance et de permettre des échanges d'informations au niveau stratégique sur les cyberincidents majeurs, la nouvelle politique propose de développer et de renforcer la Conférence des cybercommandants de l'UE.

Enfin, l'Agence européenne de défense élaborera un nouveau projet-cadre CyDef-X visant à soutenir les exercices de cyberdéfense de l'UE. Ce projet pourrait également servir afin de déployer des exercices visant à tester l'assistance mutuelle prévue à l'article 42, paragraphe 7, du TUE.   

 

Que fera l'UE pour renforcer la coopération entre les autorités de défense et les réseaux civils? 

Tout étant interconnecté, la frontière entre les dimensions civile et militaire du cyberespace est floue. C'est particulièrement le cas lors de cyberattaques contre des infrastructures critiques, qui touchent les deux communautés. Ainsi, la coopération entre les cybercommunautés civile, diplomatique et répressive et leurs homologues de la défense apportera une forte valeur ajoutée à tous les acteurs concernés. Il est donc essentiel de favoriser une telle collaboration en fournissant des moyens d'échange d'informations appropriés et sûrs et de participer à des exercices et à d'autres activités qui renforcent la confiance et la compréhension mutuelle.  

Dès qu'un réseau opérationnel d'équipes militaires d'intervention en cas d'urgence informatique baptisées milCERT (MICNET) atteindra un degré de maturité suffisant, l'UE explorera des possibilités de collaboration avec le réseau de centres de réponse aux incidents de sécurité informatique (CSIRT), qui rassemble des CSIRT nationaux et l'équipe d'intervention en cas d'urgence informatique des institutions, organes et organismes de l'Union européenne (CERT-EU). 

Afin de permettre une gestion plus efficace des crises cyber, la Conférence des cybercommandants de l'UE nouera un dialogue avec le réseau européen pour la préparation et la gestion des crises cyber (CyCLONe), qui rassemble les États membres et la Commission afin de soutenir la coordination et la gestion des incidents de cybersécurité majeurs dans l'UE. Cet engagement combinera expérience militaire et appréciation civile de la situation aux niveaux stratégique et opérationnel. 

Alors que le Centre de coordination de l'UE en matière de cyberdéfense (EUCDCC) devrait faire office de nœud central pour la collecte, l'analyse, l'évaluation et, in fine, la diffusion d'informations dans le domaine de la cyberdéfense, en particulier pour les missions et opérations militaires relevant de la PSDC, il pourrait également établir des liens avec la task force interinstitutionnelle chargée des crises cyber, qui a été mise en place pour garantir une prise de décision éclairée et une réponse coordonnée des institutions, organes et organismes de l'Union européenne aux crises cyber majeures aux niveaux stratégique et opérationnel. L'EUCDCC peut également échanger des informations pertinentes avec un centre d'analyse et de situation dans le domaine du cyber qui est actuellement mis en place au sein de la Commission, avec le soutien de l'Agence de l'Union européenne pour la cybersécurité (ENISA) et du CERT-EU, afin de fournir des analyses et un soutien plus efficace à la gestion des crises.  

Pour remédier à l'absence d'outils et de plateformes de communication sécurisés communs ou interopérables entre les États membres et les institutions, organes et organismes de l'Union concernés, la Commission et les institutions compétentes procèdent actuellement à un recensement des outils existants pour une communication sécurisée dans le domaine du cyber. Sur la base de ce recensement, la Commission présentera ses recommandations au Conseil à la fin de 2022 en vue de s'accorder sur de nouvelles mesures.  

 

En quoi consiste l'initiative de l'UE en matière de cybersolidarité? 

La Commission préparera une initiative de l'UE en matière de cybersolidarité afin de renforcer les capacités communes européennes de détection des menaces et incidents dans le domaine du cyber et d'appréciation de la situation, ainsi que de préparation et de réponse.  

En matière de détection et d'appréciation de la situation, une initiative visant à promouvoir le déploiement d'une infrastructure de centres d'opérations de sécurité (SOC) de l'UE sera lancée sur la base d'une première phase dans les semaines à venir, et elle serait ensuite élargie et déployée à plus grande échelle. Elle se composerait en définitive de plusieurs plateformes SOC plurinationales, chacune regroupant divers SOC nationaux, avec le soutien du programme pour une Europe numérique pour compléter les financements nationaux. Une modification législative du programme pour une Europe numérique permettrait un soutien financier à plus long terme en vue de l'acquisition conjointe d'outils et d'infrastructures ultra-sécurisés de nouvelle génération. Cela permettrait à l'infrastructure de SOC de l'UE envisagée d'améliorer les capacités de détection collective sur la base des outils les plus récents de l'intelligence artificielle (IA) et de l'analyse des données. Cette génération de renseignements exploitables sur les cybermenaces permettrait d'alerter en temps utile les autorités et les entités concernées afin de leur permettre de détecter les incidents majeurs et d'y réagir efficacement. La taille et le champ d'action de l'infrastructure dépendront du financement global pouvant être déployé au niveau national et par l'Union, sous réserve du budget disponible au titre du cadre financier pluriannuel. 

L'initiative de l'UE en matière de cybersolidarité visera également à renforcer les mesures de préparation et de réponse dans l'UE. Il s'agira notamment de soumettre les entités essentielles exploitant des infrastructures critiques à des tests de détection d'éventuelles vulnérabilités sur la base d'évaluations des risques réalisées par l'UE – en s'appuyant sur les actions déjà entamées en collaboration avec l'ENISA – ainsi que de déployer des mesures de réponse aux incidents visant à atténuer l'impact d'incidents graves, à soutenir un rétablissement immédiat et/ou à rétablir le fonctionnement des services essentiels.  

L'initiative de l'UE en matière de cybersolidarité pourrait soutenir la mise en place progressive d'une réserve cyber de l'UE au moyen de services fournis par des prestataires privés de confiance qui seraient prêts à intervenir à la demande des États membres en cas d'incidents transfrontières importants. Les rôles et responsabilités devraient être clairement définis et pleinement coordonnés avec les organismes existants afin de veiller à ce que le soutien provenant de la réserve cyber de l'UE soit fourni là où il est nécessaire et complète d'autres formes d'assistance potentielles. Si le champ d'action et la répartition des coûts d'interventions spécifiques dépendront des fonds disponibles de l'UE, l'Union apportera également une valeur ajoutée en garantissant la disponibilité d'une telle réserve au niveau de l'UE. Afin de garantir un niveau élevé de confiance, la Commission examinera également les possibilités de soutenir le développement de schémas de certification de cybersécurité pour ces entreprises privées de cybersécurité.  

 

En quoi la nouvelle politique de cyberdéfense de l'UE est-elle liée aux récents travaux sur la protection des infrastructures critiques? 

L'augmentation du nombre et du degré de sophistication des cyberattaques ciblant des infrastructures critiques militaires et civiles dans l'UE est l'une des principales raisons pour lesquelles la politique de cyberdéfense de l'UE a nécessité une mise à jour urgente. L'interdépendance entre les infrastructures physiques et numériques et le risque que des incidents de cybersécurité importants perturbent ou endommagent des infrastructures critiques montrent que l'UE a besoin d'une coopération militaire et civile étroite dans le cyberespace pour devenir un garant plus solide de la sécurité de ses citoyens. Cela est également au cœur de la proposition de recommandation du Conseil concernant une approche coordonnée de l'Union pour renforcer la résilience des infrastructures critiques, présentée le mois dernier.  

Étant donné que les forces armées dépendent dans une large mesure des infrastructures civiles critiques, que ce soit pour la mobilité, les communications ou l'énergie, la nouvelle politique de cyberdéfense de l'UE vise à permettre à la communauté de cyberdéfense de bénéficier de capacités civiles et militaires renforcées en matière de détection et d'appréciation de la situation.  

À la demande du Conseil, la Commission, le haut représentant et le groupe de coopération SRI élaborent actuellement des scénarios de risque pour la sécurité des infrastructures numériques. 

En outre, la Commission proposera également d'autres actions visant à renforcer les actions de préparation et de réponse dans l'ensemble de l'UE. Il s'agira notamment de soumettre les entités essentielles exploitant des infrastructures critiques à des tests de détection d'éventuelles vulnérabilités, sur la base d'évaluations des risques de l'UE, de mettre progressivement en place une réserve cyber de l'UE et de développer une infrastructure de centre d'opérations de sécurité de l'UE, offrant un véritable bouclier cyber à l'Union européenne. 

  

En quoi la politique de cyberdéfense de l'UE est-elle liée au développement des capacités de cyberdéfense? 

Le soutien au développement des capacités de cyberdéfense est un élément clé de la politique de cyberdéfense de l'UE.  À cette fin, nous tirerons pleinement parti de l'ensemble d'instruments et d'initiatives mis en place au niveau de l'UE. Par exemple, la mise en place d'opérations de réponse aux cyberincidents est l'une des priorités définies par l'UE en 2018 pour le développement des capacités. Tous les efforts collaboratifs de développement des capacités en matière de cyberdéfense entrepris dans le cadre de l'Agence européenne de défense (AED), de la coopération structurée permanente (CSP) et du Fonds européen de la défense (FED) contribuent à la mise en œuvre de cette priorité. De même, le groupe de l'AED chargé des technologies des capacités de cyberdéfense a élaboré un programme de recherche en matière de cyberdéfense. Des projets collaboratifs spécifiques de recherche en matière de défense, axés sur les cybertechnologies, sont mis en œuvre sur cette base. La nouvelle politique de cyberdéfense suggère également d'utiliser le cadre de l'examen annuel coordonné en matière de défense (EACD) pour élaborer avec les États membres des engagements volontaires en matière de développement des capacités nationales de cyberdéfense et évaluer leur mise en œuvre.

Le développement des capacités de cyberdéfense et les activités de recherche qui y sont liées ne peuvent être envisagés indépendamment d'un développement et d'un renforcement plus larges de la cybersécurité. La politique de cyberdéfense de l'UE englobe les mesures et instruments existants et proposés, tels que le Fonds européen de la défense (FED) et le programme de l'UE pour l'innovation en matière de défense (EUDIS), dans le contexte global d'une base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) ouverte et inclusive. Ceux-ci apparaissent dans l'environnement synergique du domaine du cyber, avec d'importants effets de transfert («spin-in») et d'essaimage («spin-off») entre les secteurs. 

Si l'acquisition et l'exploitation de capacités de défense par les forces armées restent de la responsabilité des États membres, l'UE peut pour sa part renforcer et favoriser une coopération plus efficace. C'est notamment le cas pour les éléments de capacité à double usage. La PSDC prévoit une feuille de route pour les technologies de cyberdéfense qui recensera les vulnérabilités les plus critiques et les actions visant à atténuer ces dernières de manière coordonnée et coopérative. Cela débouchera sur des éléments permettant de mettre en place des actions de développement plus efficaces et innovantes et, in fine, de renforcer la posture de cyberdéfense.  

 

Que compte faire l'UE pour développer une main-d'œuvre spécialisée dans la cyberdéfense? 

Dans le cadre de l'Année européenne des compétences 2023, la Commission lancera une initiative en faveur d'une Académie des compétences cyber. Cette initiative faîtière visera à accroître le nombre de professionnels formés à la cybersécurité. Elle rassemblera les différentes initiatives en matière de compétences cyber et assurera la coordination, l'intégration et une communication commune autour de celles-ci. Organisée autour de plusieurs piliers d'action tels que le financement, un soutien de proximité, la formation et la certification, la participation des parties prenantes et la production de connaissances, l'Académie des compétences cyber sera également en mesure de soutenir les travailleurs du secteur de la cyberdéfense.

Cette initiative viendra compléter les efforts entrepris dans le cadre du Collège européen de sécurité et de défense (CESD) en vue de poursuivre, en coopération avec l'AED et les États membres, le développement et l'organisation d'activités de formation et d'exercices en matière de cyberdéfense pour les institutions de l'UE, les opérations et missions relevant de la PSDC et les fonctionnaires des États membres. Un renforcement de la plateforme de formation, d'entraînement, d'exercices et d'évaluation dans le domaine du cyber (ETEE) du CESD sera également envisagé afin de générer davantage de capacités de formation.

 

Comment l'Agence européenne de défense contribuera-t-elle à la mise en œuvre de la politique de cyberdéfense? 

L'Agence européenne de défense (AED) soutient le recensement des priorités pour le développement des capacités de défense et la recherche dans le domaine de la défense au niveau de l'UE, ainsi que leur mise en œuvre au moyen de projets collaboratifs spécifiques. Favoriser la mise en place d'opérations de réponse aux cyberincidents est l'une des 11 priorités actuelles de l'UE en matière de développement des capacités. L'AED collabore actuellement avec les États membres afin d'actualiser les priorités en matière de capacités de défense, ce qui engendrera de nouveaux projets de collaboration entre les États membres. L'AED a également élaboré un programme de recherche spécifique en matière de cyberdéfense.

En outre, l'AED continuera de renforcer la coopération au sein de la communauté de la défense en soutenant la mise en place d'un nouveau réseau opérationnel d'équipes militaires d'intervention en cas d'urgence informatique – MICNET. MICNET favorisera une réponse plus solide et plus coordonnée aux cybermenaces touchant les systèmes de défense de l'UE, y compris ceux utilisés dans le cadre des missions et opérations militaires relevant de la PSDC. Parallèlement, l'Agence encouragera la poursuite du développement de la Conférence des cybercommandants de l'UE, afin d'assurer un échange d'informations au niveau stratégique en ce qui concerne les cyberincidents majeurs affectant les opérations militaires. L'Agence soutiendra le développement de liens entre MICNET et la Conférence des cybercommandants et leurs homologues civils, afin de renforcer l'échange d'informations entre les cybercommunautés. 

L'Agence poursuivra également le développement de ses exercices, formations et activités éducatives en matière de cyberdéfense, notamment par la mise en place d'un nouveau cadre pour les exercices de cyberdéfense au niveau de l'UE – CyDef-X

 

Comment l'UE intensifiera-t-elle la coopération avec ses partenaires en matière de cyberdéfense?  

La coopération avec les partenaires est essentielle. En s'appuyant sur les dialogues existants menés par l'UE en matière de sécurité et de défense ainsi que dans le domaine du cyber, l'Union s'efforcera d'établir des partenariats sur mesure dans le domaine de la cyberdéfense. À cet égard, elle s'efforcera de renforcer encore la coopération entre l'UE et l'OTAN dans le domaine de la formation, de l'enseignement, de l'appréciation de la situation et des exercices en matière de cyberdéfense, en s'appuyant sur la coopération entre la capacité OTAN de réaction aux incidents informatiques (NIRC) et le CERT-EU. L'UE commencera également à inclure progressivement des questions de cyberdéfense dans les dialogues menés par l'UE dans le domaine du cyber ainsi que dans le domaine de la sécurité et de la défense. Cela a déjà été le cas dans le cadre du dialogue UE-Ukraine sur le cyberespace qui a eu lieu en septembre (lien vers le communiqué de presse). L'UE continuera également de soutenir les partenaires, en particulier les pays candidats à l'adhésion à l'UE, dans le développement des capacités de cyberdéfense, y compris, le cas échéant, par l'intermédiaire de la facilité européenne pour la paix (FEP). 

 

Quelles sont les prochaines étapes? 

Le haut représentant, y compris en sa qualité de chef de l'AED, et la Commission invitent les États membres à développer les aspects pertinents de la nouvelle politique de cyberdéfense et se concerteront avec les États membres pour définir des mesures pratiques de mise en œuvre. Un plan de mise en œuvre pourrait être établi en coopération avec les États membres. Les résultats de la mise en œuvre de la politique de cyberdéfense de l'UE contribueront à la réalisation des objectifs généraux de la stratégie de cybersécurité et de la boussole stratégique de l'UE.  

Un rapport annuel sera présenté au Conseil pour suivre et évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la politique de cyberdéfense. Les États membres sont encouragés à concourir, par leurs contributions, à l'avancement des mesures de mise en œuvre déployées dans des formats nationaux ou des formats de coopération. 

 

Pour en savoir plus 

Communiqué de presse — La nouvelle politique de l'UE en matière de cyberdéfense

Communication conjointe sur la politique de cyberdéfense de l'UE

Fiche d'information sur la communication conjointe intitulée «La politique de cyberdéfense de l'UE» [lien

Fiche d'information concernant la nouvelle stratégie de cybersécurité de l'UE   

Fiche d'information sur la boussole stratégique pour l'UE 

Politiques de cybersécurité: Stratégie numérique